RÉSUMÉ – Congrès National des Réseaux de Cancérologie 2016

Les 29 et 30 septembre 2016 s’est tenu le 7ème Congrès National des Réseaux de Cancérologie à Nantes.

Ce congrès est l’occasion de faire le point sur les actualités nationales et de présenter les actions de terrain mises en place par les différents réseaux de cancérologie.

Plusieurs thématiques ont été traitées lors de ce congrès et cet article ne prétend pas en relater l’exhaustivité.

Expertise/Thérapies ciblées/Innovation

L’expertise en cancérologie est un des éléments clés de la prise en charge des patients. Pour des pathologies rares comme les sarcomes, le Pr Jean-Yves Blay a montré qu’une prise en charge par un réseau spécialisé (ex de Netsarc) améliorait la survie des patients et diminuait le risque de récidive.

Pour développer l’expertise et améliorer la prise en charge  du cancer, de nouvelles techniques innovantes et recherche moléculaire/génomique offrent de nouvelles perspectives dans le traitement du cancer.

La mise en évidence d’altérations moléculaires dans les cellules cancéreuses a permis, en décrivant mieux la maladie, d’identifier de nouvelles cibles thérapeutiques et de développer des thérapies spécifiquement dirigées contre elles. La recherche clinique et notamment les essais cliniques de phase précoce ont un rôle important dans l’avenir pour le traitement des cancers que ce soit chez l’enfant, l’adolescent, l’adulte ainsi que les personnes âgées.

Lors du congrès, le témoignage d’un patient atteint d’un cancer du poumon métastasé a bien illustré les avancées dans ce domaine. Au diagnostic, ce patient avait un pronostic d’environ 3 mois de survie. Après recherche de mutations génétiques de la tumeur, le patient a pu bénéficier d’un traitement ciblé lié à une mutation de sa tumeur, dans la cadre d’un essai clinique. Trois ans après le diagnostic le patient est encore vivant…

Cependant, il ne faut pas « minimiser » l’impact psychologique des thérapies innovantes et de la biologie moléculaire chez le patient, comme l’a bien développé le Dr Sarah Dauchy, pendant ce congrès.

Par ailleurs, le Dr I Pellier expose le retard en oncopédiatrie concernant les thérapies innovantes. Peu d’essais cliniques sont ouverts aux enfants, adolescents et jeunes adultes (AJA). Chez l’enfant et l’AJA; un travail important sur l’efficacité des traitements mais également sur la réduction des séquelles (croissance, fertilité, …) est à faire. C’est dans ce cadre que l’INCa a lancé un appel d’offres pour la labellisation de centre d’essais précoces en pédiatrie. Un centre est notamment ouvert sur Nantes/Angers, le seul  dans l’ouest de la France.

Le Prix des médicaments

Un des freins à l’accès à l’innovation est le coût des médicaments anti-cancéreux. Les prix augmentent de plus en plus. Comme l’a décrit le Pr Jean-Paul VERNANT, le traitement du cancer coûtait 44 milliards de dollars en 2009. Il coutera entre 150 et 200 milliards de dollars en 2020. Pourquoi cet envol du prix des médicaments ? Les industriels avancent l’argument du coût de la recherche et développement.

Comment expliquer qu’un même traitement coûte 80 000€ par an aux Etats-Unis et 800€ par an en Egypte ? Pour le Pr JP Vernant, le prix des médicaments est déterminé par ce que le marché est capable de payer.

Éducation thérapeutique des patients. Soins de supports en cancérologie, soins palliatifs. Accompagnement du patient et des proches.

Des expérimentations ont été réalisées dans plusieurs régions pour améliorer les soins de supports et la qualité de vie du patient pendant sa maladie. Cela passe aussi par l’éducation thérapeutique, notamment pour les chimiothérapies par voie orale.

La mise en place de programmes d’éducation thérapeutique en cancérologie permet la formation des professionnels de santé dans l’accompagnement des patients et à ces derniers, de devenir des acteurs clés dans la prise en charge de leur maladie. Des ateliers touchant différents thèmes sont proposés aux patients, leur permettant ainsi d’améliorer leur qualité de vie ainsi que la communication avec leurs proches, ces derniers se sentant dès lors plus impliqués et moins exclus.

Outre la prise en charge de la maladie, l’accompagnement du patient et de ses proches est un élément très important pour le bien-être de la personne malade et de son entourage et une bonne réponse de la maladie aux traitements. Certains professionnels relatent la mise en place d’ateliers (bien-être, activités physiques, biographie hospitalière) destinés aux patients et témoignent des bienfaits de ces activités pour les patients. Cela est confirmé par les témoignages de patients.

Coordination dans le parcours de soins

Les infirmières de coordination en cancérologie – IDEC

Les missions des IDEC consistent à faciliter l’articulation entre les professionnels des soins de ville, les professionnels hospitaliers, les patients et leur entourage.

Leur rôle primordial dans la coordination du parcours a été souligné lors de plusieurs exposés, notamment en plénières. Ce rôle est d’autant plus important que le parcours en cancérologie se fait souvent sur plusieurs établissements et de plus en plus en ville avec les chimiothérapies par voie orale et l’Hospitalisation A Domicile (HAD) qui se développent.

Place du pharmacien dans la bonne prise en charge médicamenteuse

L’importance d’une consultation pharmaceutique a été mise en évidence lors de plusieurs présentations. Il a été dit que 4% des ordonnances comportaient des erreurs de prescriptions, avec des conséquences parfois lourdes.

Lors d’une étude menée en Rhône-Alpes, il a été montré que le surdosage était la cause la plus fréquente d’intervention pharmaceutique (changement traitement suite intervention pharmacien).

Lors d’une présentation en atelier par le Dr L Jovenaux, le rôle primordial du pharmacien a été rappelé dans la prévention du risque de survenue d’effets indésirables cardiologiques liés aux traitements anti-cancéreux.

Évolutions des structures de coordination

Plateforme Territoriale d’Appui (PTA)

Les réseaux territoriaux de cancérologie voient leur structuration modifiée par la mise en place des Plateformes Territoriales d’Appui. Ces plateformes regroupent des réseaux de santé (cancérologie, diabétologie, soins palliatifs….) et ont pour objectif d’être l’appui aux professionnels de premier recours pour la coordination des parcours « complexes » (poly pathologies, personnes isolées, enfants…). La polyvalence proposée par la PTA dépend des thématiques des réseaux territoriaux qui la constituent. Actuellement il y a 40 PTA en France.

Articulation Réseau Régional de Cancérologie (RRC) et Centre de Coordination en Cancérologie (3C)

En attente du cahier de charges décrivant les nouvelles missions des RRC et de 3C (Cahier des charges en arbitrage final au cabinet de la ministre de la santé), certains objectifs ont été rappelés par l’INCa et la DGOS. A priori, les nouvelles missions des RRC devraient intégrer certaines missions portées aujourd’hui par les 3C. Des rapprochements devront se faire entre toutes les structures de coordination régionale en cancérologie (oncogériatrie, oncopédiatrie…) autour du réseau régional. LA DGOS explique que ce cahier des charges devrait sortir sous forme d’instruction dans les semaines ou mois à venir.

Évaluation des pratiques des pratiques et des organisations

Le Dr F GRUDE de l’Observatoire du Médicament Bretagne/ Pays de la Loire a présenté un outil d’amélioration des prises en charge des patients en fin de vie. Le score PRONOPALL est un score prédictif à 2 mois dont l’objectif est d’évaluer l’indication ou la non-indication d’une chimiothérapie palliative. Il s’agit d’un outil d’aide à la décision. Des études portant sur l’analyse de survie en fonction du stade de la tumeur au moment du diagnostic, l’analyse processus sur tout le parcours de prise en charge du patient « patient » traceur, l’exhaustivité de passage en RCP des patientes atteintes d’un cancer du sein, le passage en RCP des patients atteints d’un cancer du côlon ont été respectivement présentées.

On retiendra que l’analyse de processus « patient traceur » est chronophage, mais riche en enseignements et apporte beaucoup au niveau qualitatif. La méthodologie est bien définie par la HAS, il faut identifier les étapes clés de la prise en charge du patient et les structures fréquentées tant en hospitalisation qu’en extrahospitalier (ambulatoire). Des entretiens avec le patient et les professionnels sont menés par une seule enquêtrice. L’étude présentée par Sophie Lesens (RRC Onco-Normand) porte sur 27 patients pris en charge sur 18 établissements/structures différents et il lui a fallu environ 6 mois de travail. Le plus difficile est de rassembler les informations qui sont éparpillées dans les différents services et/ou structures ; de trouver un patient « auditable » et qui accepte d’être interviewé et de pouvoir caler un rendez-vous au bon moment (avant sa sortie par exemple).

Quant aux études portant sur le passage en RCP, Anne Cowppli Bony note une nette amélioration de passage en RCP pour les cancers du sein entre 2007 et 2012 (94% versus 78%). Néanmoins, le taux de passage en RCP avant le premier traitement reste faible (39% en 2012 et 12% en 2007). Toutefois, il est de 70% en 2012 lorsqu’une chimiothérapie néo-adjuvente est indiquée.

La deuxième étude portant sur le même sujet a été présenté par Pascale Grosclaude du Registre des cancers du Tarn. Les résultats de cette étude interrogent sur les facteurs (a priori non prémédités) de passage ou non en RCP. En effet, les analyses statistiques ont mis en évidence des différences significatives entre différents groupes de la population étudiée. Il s’avère que les dossiers des femmes, des patients atteints d’un cancer métastatiques et des personnes âgées (>85 ans), des patients avec un indice de défaveur social élevé sont moins présents en RCP. Cette différence n’est pas mise en évidence pour certains types de cancers comme les mélanomes, les sarcomes ou les primitifs inconnus.

Retrouver le programme détaillé ainsi que les présentations du congrès sur le site du CNRC 2016